Savoir reconnaître ces végétaux est indispensable pour un apiculteur. Au moment de choisir votre emplacement de rucher, une des premières questions à se poser sera celle des ressources disponibles. Toute fleur n'est pas bonne à butiner pour l'apis mellifera; les floraisons doivent être massives, et réparties sur les saisons.
Et le nectar n'est pas la seule richesse que les plantes offrent aux abeilles, pollen, bien sûr, miellat, propolis, sont aussi à envisager. Vous pouvez déployer beaucoup d'effort et d'attention, sans récolte, si les ressources sont insuffisantes.
Vous avez trouvé l'emplacement idéal ? Sachez alors vous préparer aux miellées, où les besoins d'espace de stockage peuvent augmenter brutalement. Pour cela, gardez un œil attentif sur les végétaux de prédilection des abeilles. Et si vous n'êtes pas encore familiarisé(e) à ce monde, vous y découvrirez qu'avancer au rythme des floraisons ouvre de nouvelles perspectives...
Votre pain d'abeille est multicolore ? Vous avez bien choisi ! le milieu offre une belle variété végétale, propice à la santé de vos avettes.
L'Ile-de-France offre une grande diversité de paysages, avec la présence de la zone urbaine, un milieu tout à fait particulier, étonnamment riche, aux espaces verts souvent en gestion biologique. Mais plus loin de la ville, nous trouvons d'autres environnements, ainsi les grandes forêts, de Marly, Rambouillet, plantées de châtaigniers, chênes, espèces végétales diverses, ou Fontainebleau, aux platières riches de bruyères. Pour les cultures, le colza prédomine, et d'anciens vergers offrent encore des ressources.
Nous vous proposons de découvrir les plantes qui font notre miel d'Ile-de-France, leurs caractéristiques et leur date de floraison, de découvrir celles qui nous laissent toujours espérer de grandes miellées, mais celles aussi, plus modestes, mais attractives, et qui participent à notre biodiversité.
Petite sélection des plantes mellifères et/ou pollinifères bien adaptées à notre région Ile-deFrance:
Mahonia oriental Berberis japonica
Arbuste rustique persistant jusqu'à 2 mètres, floraison décembre/mars.
En matière de production de nectar, c'est une valeur sûre de nos parcs et jardins. Au moindre rayon de soleil, les bourdons terrestres protégés par leur épaisse fourrure, devancent nos abeilles pour d'abondantes récoltes. Il participe à l'approvisionnement des colonies en sortie d'hivernage.
Noisetier Coudrier Corylus avellana
Arbrisseau rustique caduc buissonnant de 2 à 5/6 m, floraison janvier/février.
Voilà un arbuste de première importance pour le démarrage des colonies à la fin de l'hiver. Les abeilles y récoltent un pollen abondant. Il fait encore bien froid lorsqu'il fleurit. Les abeilles y récoltent le pollen, signe de reprise de ponte de la reine. C'est un apport intéressant de protéines pour l'élevage.
- Saule marsault Salix caprea
- Arbrisseau rustique caduc buissonnant de 2 à 5/6 m, floraison avant les feuilles, sous forme de chatons, en février/mars. On le trouve en exposition lumineuse et sol humide. Il présente le même intéret que le noisetier.
Prunellier, épine noire, Prunus Spinosa
Arbuste rustique caduc buissonnant d'environ 2 m de haut, floraison mars/avril.
Très précoce, qui blanchit les lisières, les haies les friches. Riche en nectar et pollen, c'est une ressource qui peut-être de 1ère importance pour le démarrage des colonies au tout début du printemps.
Jacinthe des bois, Hyacinthoide non-scripta et Anémone sylvie, Anemone nemorosa
Bulbe vivace, et rhizomes floraison avril/mai.
Nos bois et forêts prennent un aspect féerique lorsque leurs tapis bleus intenses et blancs s'épanouissent. Ces floraisons abondantes et fugaces, produisant des quantités modérées de nectar et pollen, représentent tout de même un apport d'appoint pour les colonies en développement.
Marronnier Aesculus hippocastaneum
L'arbre, de grande ampleur, est bien représenté en ville. Son nectar n'est pas très recherché. Mais si voyez vos abeilles atterrir porteuses de belles pelotes rouge brique, elles reviennent de visiter les marronniers !
Pissenlit, Taraxacum
Herbacée, floraison abondante en avril puis se prolongeant jusqu'en octobre.
Connue de tous, cette vivace s'adapte à tout terrain ensoleillé. Riche en nectar, et surtout en pollen, orange vif, il peut constituer une des premières miellées s'il pousse en abondance.
Trèfle blanc, Trifolium repens
Herbacée de petite taille, floraison mai/novembre.
Il est si petit et si banal… Laissez-le s'installer dans vos pelouses. Bien sûr, vous ne ferez pas de miel monofloral de trèfle, mais vous aurez le plaisir d'y observer les abeilles, attirées par un abondant nectar et pollen, apprécié pour la préparation de la colonie à l'hiver.
Erable, Acer
Arbres caducs jusqu'à 20 m, floraison de mi-mars à mi-mai.
L'arbre passe-partout, à la floraison verte souvent ignorée, qui pousse en lisière de bois, ou est planté en alignement. On connaît plus ses graines « hélicoptères » qui tournent en tombant. Les espèces présentes dans notre région, érables plane (à ne pas confondre avec le platane), champêtre, sycomore, sont très attractifs pour leur riche nectar précoce et abondant. C'est pour nos abeilles une des ressources phare pour remplir les corps de ruches et assurer de bons démarrages des colonies.
Colza, Brassica napus
Plante oleagineuse annuelle de culture, de 1,5 à 2 mètres de haut, floraison avril/mai.
Impossible d'ignorer ces grandes étendues d'un jaune intense à la longue floraison printanière. Le colza produit un abondant nectar riche en glucose. Cependant de nouveaux hybrides ne sont pas ou peu butinés. Surveillez bien la fin de la floraison. En quelques jours votre récolte peut cristalliser dans les hausses, surtout s'il fait un peu froid.
Acacia, Robinier faux acacia, Robinia pseudoacacia
Arbre jusqu'à 30 m de haut, floraison avril/mai.
Fragile et fugace floraison que celle de l’acacia ! Trop froid, trop sec ou trop pluvieux et il n'y aura pas de nectar. Les bois d'acacias sont pourtant recherchés par les apiculteurs, très nectarifères et qui rempliront vos hausses, si le temps le permet, pour un miel souvent apprécié, doux, clair et fluide.
Tilleul, Tilia
Arbre caduc jusqu'à 35 m de haut, floraison juin/juillet.
En plantation d'agrément, il est largement utilisé en région parisienne et sa floraison fait la joie des abeilles. Son nectar remplit bien hausses et donne au miel un petit goût de menthe surprenant. Mais attention sa floraison est fugace ! À noter l'effet toxique des fleurs du tilleul argenté sur les abeilles.
Ronce commune, Rubus fruticosus
Plante vivace aux tiges sarmenteuses jusqu'à plusieurs mètres.
Elle évoque plutôt des épines et des récoltes de mûres, a un côté envahissant. Mais lorsque l'on pense « abeille », voilà un excellent réservoir de nectar et pollen, rentrant largement dans la composition de nos miels d'été.
Châtaignier, Castanea sativa Mill
Arbre jusqu'à 40 m de hauteur, floraison abondante et brève en juin/juillet.
Cette courte floraison rend aléatoire la miellée, qui dépend alors des aléas météorologiques. Mais il faut toujours se tenir prêt(e), les hausses peuvent se remplir très vite si l'espèce est bien représentée autour de votre rucher.
Il est malheureusement depuis peu atteint par le cynips-du-châtaignier. Voir notre rubrique sanitaire les ennemis de la ruche.
En savoir plus http://www.inra.fr/Grand-public/Sante-des-plantes/Toutes-les-actualites/Cynips-du-chataignier
Phacélie, Phacelia tanacetifolia
Herbacée annuelle de jachère et engrais vert, de 1,20 m de hauteur, floraison de juin à septembre.
On observe quelques fois ces étendues violettes en Ile de France, bien que ce ne soit pas une plantation très courante. La phacélie offre un abondant nectar et un pollen bleu lavande très appréciés des abeilles.
Bruyères, Erica cinera et Calluna vulgaris
Sous-arbrisseau vivace d'environ 20 cm de haut et 1 m, floraison juin/octobre.
Elle est présente essentiellement sur le massif de Fontainebleau. Sa floraison tardive et son abondant nectar et pollen participe à la composition des miels d'été et à la préparation à l'hivernage.
Lierre, Hedera helix
Liane arbustive à feuilles persistantes, jusqu'à 30 m de hauteur, floraison septembre/octobre.
Très riche en nectar et pollen, c'est une ressource indispensable à la constitution des réserves hivernales. À sa floraison le lierre est vrombissant de butineurs.